• 29/12/2006-INTERVIEW-1

    Interrogé pour le quotidien « Le Monde » par Jean-François FOGEL et Nabil WAKIM (le 14 décembre 2006), le Général Michel AOUN répond :

                                L’oxygène du gouvernement vient de Washington et de Paris.

    Pour respecter le principe du « contradictoire », je vous propose des contre-réponses venant d’un citoyen Libanais (en direct du blog):

                      L'oxygène du gouvernement vient du Parlement & de la légalité internationale

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    Le Monde à M.A. : Vous manifestez, avec le Hezbollah et Amal, depuis plusieurs semaines dans le centre de Beyrouth. Que demandez-vous au gouvernement de Fouad Siniora ?<o:p></o:p>

    Michel AOUN : Sa politique a mené à un échec terrible. Depuis dix-huit mois, il n'a jamais respecté le programme promis. Aucun point n'a été appliqué et il refuse de modifier son gouvernement. Dix-huit mois, c'est six fois la période de grâce pour un nouvel exécutif. Il doit être plus représentatif d'une globalité de la population libanaise. Mais aussi que ses décisions soient d'intérêt global, pas sectaires comme actuellement. Fouad Siniora a, dans une première phase, marginalisé les chrétiens, en refusant qu'ils soient représentés par les vrais élus chrétiens. Et maintenant, il n'a plus le soutien des chiites. Donc deux communautés, qui représentent 70 % du peuple libanais, sont en dehors du pouvoir. C'est contraire à notre Constitution, qui est basé sur deux éléments : d'abord, la représentativité des communautés libanaises, et une majorité de deux tiers pour que le gouvernement soit légitime. Il a la légalité sur la forme, mais il lui manque cette deuxième dimension.<o:p></o:p>

    H & M. : Il n’existe pas de période de grâce lorsque le pays est noyé dans une guerre provoquée par deux ministres appartenant à la milice du Hezbollah. Le gouvernement avait le devoir d’y faire face d’une manière urgente avant de s’atteler au respect d’un programme proposé avant la guerre des 33 jours (juillet et août 2006). La question n’est pas une question de « représentativité », il s’agit d’une question d’intérêt général concernant « le peuple » libanais au-delà des diversités religieuses. Le Premier Ministre n’a jamais marginalisé qui que ce soit. Et puis je ne comprends pas les propos du Général AOUN lorsqu’il dit que le gouvernement n’est pas représenté par les « vrais chrétiens » !!! Parce qu’il y aurait des « vrais » et des « faux » chrétiens ??? Comment et sur la base quels critères les distinguent-il ? Et, supposons qu’il a raison… Comment va-t-il faire pour supprimer les « faux »… et oui, parce qu’il y aura nécessairement un « après » si le gouvernement tombe (comme le souhaite l’opposition) !! Le gouvernement libanais n’est pas un « groupement de religions ». Le gouvernement, dans sa diversité et avec le soutien du Parlement, exécute un programme politique déterminé. Maintenant que le pays est en crise, le gouvernement est dans le devoir de se consacrer (strictement) à la résolution de cette crise, sans se préoccuper des « vrais » et des « faux » chrétiens… des « vrais » et des « faux » musulmans… Il s’agit d’un faux procès. <o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Vous êtes alliés, contre le gouvernement, avec Amal et le Hezbollah, deux partis chiites qui sont accusés d'être prosyriens...<o:p></o:p>

    Michel AOUN : Il n'y a plus de prosyriens au Liban, à part des minorités qui sont hors de Amal et du Hezbollah. Nous avons une nouvelle approche des relations avec la Syrie, qui est basée sur l'égalité. Nous voulons des relations équitables, un échange de relations diplomatiques. C'est l'objet d'un accord que nous, le Courant patriotique libre, avons passé avec le Hezbollah. La situation a changé vis-à-vis de la Syrie.<o:p></o:p>

    H & M. : Comment pourrait-on avoir des relations « d’égalité » et « amicales » avec un pays voisin, en l’occurrence la Syrie, qui n’a jamais reconnu ni l’indépendance ni la souveraineté du Liban ? Ceci ne paraît ni raisonnable ni sage de tenir de tels propos. Cette approche des relations avec la Syrie revendiquée actuellement par le général AOUN s’apparente plutôt à des relations de « subordination ». Soit la Syrie reconnaît l’indépendance et la souveraineté du Liban et, par suite, le Liban décidera souverainement des types de relations qu’il souhaite entretenir avec elle (ainsi qu’avec tous ces autres voisins). Soit la Syrie persiste et signe dans sa politique « irrédentiste » et je ne vois pas comment pourrait-on d’emblée et unilatéralement décider d’avoir ce type d’approche dans les relations entre les deux pays (en tous cas, dans l’état actuel des choses) ? <o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Ce n'est pas ce que dit le gouvernement Siniora...<o:p></o:p>

    Michel AOUN :... Nous n'avons pas l'approche agressive de MM. Siniora et Hariri. Nous sommes plutôt pour une approche positive, pour construire de nouvelles relations. Il n'est pas dit que deux pays limitrophes doivent être forcément en guerre. Au contraire, ils doivent tout faire pour être en paix et avoir des relations saines.<o:p></o:p>

    H & M. : Non, certes, il n’est pas dit que deux pays limitrophes doivent être forcément en guerre. Le Liban d’ailleurs n’est en guerre contre personne. En revanche, étant agressé, les dirigeants mandatés par le peuple, lors d’élections libres, sont dans leur devoir de le défendre et de défendre la population. Vous pouvez donner à cette « légitime défense » le nom que vous voudrez. Le Liban ne demande qu’à vivre en paix avec ces voisins. Il n’a jamais (aurait-il pu ?) entrepris d’initiatives susceptibles de porter atteinte d’une quelconque manière ni à la paix ni à la stabilité sur le territoire de ces voisins. Des relations « saines », le Liban ne demande que cela… mais une fois la paix définitivement rétablie.<o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Mais la Syrie est régulièrement accusée d'avoir commandité des assassinats politiques, dont celui de Pierre Gemayel le 21 novembre dernier...<o:p></o:p>

    Michel AOUN :... Depuis deux ans, ces accusations sont fictives. On accuse la Syrie d'avoir assassiné Hariri. Je ne dis pas que la Syrie a assassiné ou n'a pas assassiné qui que ce soit. On a confié ça à un comité d'investigation international et on est en train de former un tribunal international pour juger de ce crime. Jusqu'à maintenant, personne n'a des preuves. Malgré les rapports des juges d'instruction tous les trois mois, on n'a aucune certitude. On a pris toutes les mesures pour découvrir les vrais auteurs de ces crimes. Il ne faut pas faire d'accusations politiques sans qu'elles soient basées sur les faits. Il faut respecter la présomption d'innocence.<o:p></o:p>

    H & M. : Tout à fait d’accord sur la présomption d’innocence. Cependant, pour les besoins de l’enquête, il est une évidence que de se poser la question : « à qui profite le crime », en l’occurrence, la déstabilisation du Liban ?? <o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Soutenez-vous la création d'un tribunal international pour juger les responsables de l'assassinat de Rafic Hariri ?<o:p></o:p>

    Michel AOUN : Bien sûr ! Je l'ai toujours soutenue, j'étais même le premier à réclamer la formation d'un tel tribunal. Mais il y a beaucoup de désinformation sur ce sujet. Une télévision racontait l'autre jour que j'avais ordonné de bloquer la route de l'aéroport, alors que c'est absolument faux. On essaye d'intoxiquer l'opinion publique avec de fausses informations.<o:p></o:p>

    H & M. : Alors, laissons le Parlement se réunir pour approuver la création de ce tribunal.<o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Si le gouvernement de Fouad Siniora ne cède pas, qu'allez-vous faire?<o:p></o:p>

    Michel AOUN : Le rapport de forces n'est pas en sa faveur. Il est en train de vivre sur l'oxygène étranger. C'est docteur [Condoleezza] Rice qui lui donne son repas trois fois par jour pour qu'il puisse survivre à cette crise. C'est un gouvernement qui est dans le coma, il suffit de lui enlever l'oxygène qui vient de Washington et de Paris, et il s'en ira.<o:p></o:p>

    H & M. : On ne pourra jamais sauver notre pays avec cette mauvaise foi. Le gouvernement libanais est du côté de la légalité internationale. Il n’est ni nourri ni « oxygéné » par qui que ce soit. La démocratie ce n’est pas un rapport de force. Il faut arrêter. La politique du pire menée par l’opposition ne mènera à rien sinon au chaos. Les Libanais ne souhaitent qu’une seule chose : aller le matin travailler pour chercher le pain quotidien, rentrer le soir en famille et dormir sans la peur au ventre. Arrêtons. Quel gâchis. <o:p></o:p>

    Le Monde à M.A. : Vous ne craignez pas que la situation dégénère, qu'il y ait des affrontements armés entre les deux camps ?<o:p></o:p>

    Michel AOUN : L'opposition contrôle très bien la situation. Il y a eu beaucoup d'incidents fomentés par les partisans du gouvernement, des agressions contre des manifestants, mais ça n'a pas dégénéré en conflit. A chaque incident, il n'y aura pas de riposte. Ce sera toujours perçu comme des agressions de la part de l'opinion publique. Quand on peut faire bouger deux millions de gens sans qu'il y ait une vitre cassée, les gens savent qu'ils n'ont rien à craindre de ces manifestations.<o:p></o:p>

    H & M. : On sait toujours comment commencer une manifestation, voire une « révolution », mais, hélas l’on ne maîtrise jamais l’issue. Tout ça pour quoi ? Désagréger le Liban, faire fuir son peuple, détruire tout sentiment de sécurité, terroriser… tout ça pourquoi ???? faudrait-il se souvenir de cette phrase de J.J. Rousseau : « personne n’est jamais assez fort pour être sûr d’être toujours le plus fort ». Pensez-y messieurs l’opposition. Vous ne pourrez régner sur des cadavres ! Un jour, vous serez jugés… au moins par votre conscience. Tout le monde sera jugé et chacun paiera sa dette…un jour. Epargnez les innocents, messieurs. Le pouvoir pour le pouvoir... le prix sera trop, trop cher payé... Le Liban mérite mieux que cela ! <o:p></o:p>


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